Les arbres remarquables de la Ville – Taxus Baccata (If commun ou If à baies)

FAMILLE :

Taxacées

ORIGINE :

Partie occidentale de l’Ecozone paléartique 

ÉTYMOLOGIE

Originaire du celte “ivin” ou du grec “hyfe”, “tissu”, car les vêtements étaient confectionnés à partir des fibres de son bois. Son nom latin “Taxus baccata”, dérive du grec “taxis” et « baccata ». « Taxis » signifie ordre ou arrangement. Il est fait allusion à la disposition très régulière des feuilles sur les rameaux. “Baccata” signifie baccifère, c’est à dire porteur de baies, en référence au fruit simulant une baie ou bacca.

Du mot Taxus dérive le mot latin taxicum qui signifie poison et qui a donné les mots « toxique » ainsi que “textile”. Le poison de l’arbre est nommé la taxine. Les Gaulois l’utilisaient pour la chasse et l’appelaient « Ivos », évoluant par la suite en « If » qui apparaît pour la première fois dans la Chanson de Roland au 12e siècle.

HABITAT

Sous-bois de feuillus, principalement en basse et moyenne montagne (>1500m alt). Un peuplement d’Ifs est appelé ‘Ivaie’ (devenus rares) protégé à titre d’habitat prioritaire en Europe.

DESCRIPTION

ARBRES : 

  • Conifère non résineux de 10 à 15 m. 
  • De grande longévité pouvant être millénaire. 
  • Les vieux sujets ont un tronc creux.

PORT : 

  • Branches partant dès la base et poussant dans toutes les directions
  • Houppier ovoïde
  • Tronc court, bosselé, tourmenté

BOIS :

  • Très dur
  • Très décoratif (rougeâtre)
  • Veiné de bruns divers

ÉCORCE : 

Fine, rougeâtre devenant grise et se délitant en petites lanières 

FEUILLES :

  • Persistantes plusieurs années, toxiques
  • Petites aiguilles plates et molles, pointues mais non piquantes, vert foncé dessus, vert clair dessous
  • Rameaux souples et verts

FLEURS : 

  • Floraison : février à avril
  • Mâles : en grappe jaune situées sous les rameaux
  • Femelles : bourgeon ovoïde en cime sur les rameaux, de couleur verdâtres 

FRUITS :

  • Fructification : août à octobre
  • Arille, faux fruit charnu rouge vif (comestible), contenant 1 graine ovoïde (toxique)

EXPOSITION :  

Mi-ombre, ombre 

RUSTICITÉ :

 -15°c à -20°c 

SOL : 

  • Plus ou moins indifférent
  • Humidité atmosphérique
  • Ne tolère pas de fortes sècheresses
UTILISATION 

 

HORTICULTURE : 

Ornemental, art topiaire : toutes sortes de formes, cônes, boules… 

BOIS : 

  • Recherché en ébénisterie, marqueterie, placage, sculpture, fabrication d’instruments de mesure et de dessin. Il est également prisé par les luthiers pour ses qualités acoustiques exceptionnelles, la fabrication de meubles, balustres de balcon ou encore de bois à tourner comme les pièces d’échecs.
  • Au Moyen-âge, le bois d’if, lourd et solide, mais également souple et élastique, servait à confectionner des arcs et des arbalètes dont on enduisait les flèches et les piques de sève.
  • Les romains utilisaient les branches et l’écorce pour la fabrication de filtres empoisonnés. Les fibres de l’écorce étaient transformées en tissus
  • Ce bois imputrescible est aussi utilisé pour la fabrication de piquets de clôture.

ALIMENTATION :   

L’arille est directement consommable en salade de fruits ou utilisé dans de nombreux desserts. Il était jadis consommé en confiture. Sa pulpe a un goût sucré.

MÉDECINE :   

Toutes les parties de l’If sont toxique (sauf l’arille) car elles contiennent des alcaloïdes (taxine…)  L’If commun permet d’obtenir le taxol et le taxotère par hémisynthèse.  

Ces Molécules actives sont utilisées comme anticancéreux. 

Actuellement, les médicaments utilisant des molécules synthétisées à partir d’extraits d’if sont utilisés en oncologie pour traiter les cancers du sein, de l’estomac, de la tête, du cou, des poumons, de la prostate…

RÔLE ÉCOLOGIQUE

Les fruits sont consommés par les oiseaux (merles, grives, fauvettes, pinsons, gros becs).

Bien que cette essence ne produise pas de nectar floral exploitable, elle joue un rôle écologique mellifère indirect grâce au miellat produit par les insectes qui s’installent sur ses aiguilles. Le miellat est une substance sucrée excrétée par certains insectes, tels que les pucerons, lorsqu’ils se nourrissent de la sève des plantes. En se gorgeant de cette sève, riche en sucres mais pauvre en protéines, ces insectes rejettent l’excédent sous forme de miellat. Ce liquide collant, souvent visible sur les feuilles ou les aiguilles, attire de nombreux insectes butineurs, notamment les abeilles. Ce miellat d’if, disponible en été ou en fin de saison selon les conditions, constitue une source de sucres non négligeable pour les abeilles, particulièrement dans les périodes où les floraisons se font rares. Il peut ainsi contribuer à la production de miel de miellat, un miel plus sombre, riche en minéraux, et aux propriétés spécifiques.

LÉGENDES, TRADITIONS, SYMBOLIQUE 

Durant la préhistoire, il a pu être utilisé comme poison pour les flèches au vu de sa toxicité.

L’if portait chez les anciens, un double symbole, à la fois de mort et d’immortalité, ce qui en fait un arbre profondément ambivalent dans la culture.

Chez les Celtes, il était considéré par les druides comme un arbre sacré qui assurait le lien entre les vivants et les morts.

Dans la mythologie grecque et romaine, l’if était dédié (comme le saule) à Hécate, gardienne des enfers, de l’ombre et des morts, conductrice des âmes emportées par la tempête, accordant richesse matérielle et spirituelle, honneurs et sagesse. Dans leur culture, elle reliait les enfers, la terre et le ciel.

D’après Jules César, le suc d’If servait à empoisonner les armes de tribus gauloises

Le médecin grec Dioscoride, chirurgien des armées de Néron, avait peur d’être empoisonné en dormant sous ses feuilles.

Pour les chrétiens, l’if est le symbole du lien entre le ciel et la terre.

Dans le calendrier républicain, l’If était le nom attribué au 18ème jour du mois de pluviôse (soit environ le 6 février du calendrier grégorien).

RÉDIGÉ PAR LA DIRECTION DU PATRIMOINE

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