ARTIGUAISES, ARTIGUAIS,

Diplômée en halieutique (l’étude de la pêche), Isabelle Autissier a d’abord travaillé comme ingénieure agronome pour le compte de l’IFREMER à la Rochelle. À la fin des années 1980, celle qui s’est passionnée pour la voile dès son plus jeune âge entame une remarquable carrière de navigatrice au cours de laquelle elle devient, à 35 ans, la première femme à accomplir un tour du monde en solitaire. De retour sur terre, Isabelle Autissier s’engage avec détermination en faveur de l’urgence climatique. En décembre 2009, après avoir effectué de nombreuses expéditions polaires, l’ancienne skippeuse est élue Présidente d’honneur du World Wildlife Fund (WWF) - France. Depuis quelques années, elle est également l’auteure d’ouvrages à succès parmi lesquels « Soudain, seuls », récemment adapté au cinéma. Début 2024, elle propose sa candidature à l’Académie Française.

Joséphine Baker naît dans une famille très pauvre du Missouri. Danseuse depuis sa plus tendre enfance, la jeune femme débarque à Paris à 19 ans où, seulement vêtue de son célèbre pagne de bananes, elle devient rapidement la star des cabarets parisiens. Dès le début de la Seconde guerre mondiale, l’icône des années folles s’engage dans la Résistance comme espionne, d’abord en France, puis au Maroc. Décorée de la Légion d’honneur à la Libération, l’ancienne vedette utilise sa grande popularité pour défendre l’émancipation des Noirs aux États-Unis. Avec son mari compositeur Jo Bouillon, elle adopte 12 enfants venus des quatre coins du monde qui deviendront sa « tribu arc-en-ciel ». Près de 50 ans après sa mort, Joséphine Baker devient la première femme noire à faire son entrée au Panthéon.

Née Marie Gouze, Olympe de Gouges voit le jour à Montauban. À une époque où les épouses sont encore soumises à l’autorité de leurs maris, la jeune provinciale se retrouve veuve à seulement 18 ans. Éprise de liberté, elle refuse de se remarier pour pouvoir poursuivre son rêve : s’imposer comme femme de lettres. À Paris où elle fréquente les salons littéraires, Olympe de Gouges rédige de nombreux écrits en faveur de l’abolition de l’esclavage (dont la pièce de théâtre « Zamore et Mirza ») avant de s’engager pour la défense de la condition féminine. En 1791, celle que l’on considère aujourd’hui comme une pionnière du féminisme publie « La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne » dont l’article 1er proclame « La femme naît libre et demeure égale en droits à l’homme ». Hostile à la Terreur, elle est arrêtée sur ordre de Robespierre et guillotinée pour trahison.

Issue d’un milieu modeste, Gisèle Halimi embrasse la carrière d’avocate à 21 ans. À partir des années 1950, la native de La Goulette, en Tunisie, brave les partisans de la colonisation et prend la défense des militants de l’indépendance de l’Algérie. Activiste féministe de premier plan, la brillante femme de loi signe en 1971 le « manifeste des 343 » pour la dépénalisation de l’Interruption Volontaire de Grossesse (IVG). Puis, celle qui est à l’origine du mouvement « Choisir la cause des femmes » s’illustre lors du procès de Bobigny dans lequel une mineure est accusée d’avoir illégalement avorté après avoir été violée. À 54 ans, cette proche de François Mitterrand est élue députée. Elle prend alors notamment position en faveur de l’abolition de la peine de mort et de la reconnaissance du droit des personnes homosexuelles. Gisèle Halimi occupe ses dernières fonctions à l’UNESCO et au sein de l’Organisation Mondiale des Nations Unies (ONU).

Après des brillantes études à l’École Polytechnique puis à l’Institut des Statistiques, Albert Jacquard se forme à la génétique des populations aux États-Unis. Titulaire d’un double doctorat, il est nommé expert en génétique auprès de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en 1973. À partir du début des années 1980, le biologiste consacre l’essentiel de son activité à la rédaction d’ouvrages de vulgarisation scientifique tels que « Éloge de la Différence » (1981) ou « Moi et les Autres » (1983). Livre après livre, Albert Jacquard diffuse un discours humaniste destiné à favoriser l’évolution de la conscience collective. Jusqu’à sa mort, il participe à tous les combats qu’il estime justes (droit au logement, justice sociale, lutte contre le racisme, inclusion des personnes handicapées…) et dénonce les méfaits de la société capitaliste.

Antifasciste pendant la guerre d’Espagne puis résistant durant la Seconde Guerre Mondiale, Edgar Nahoum est durant sa jeunesse un fervent militant communiste. Dans les années 1950, après s’être formé en autodidacte, l’ancien lieutenant des « Forces françaises combattantes » devient chercheur puis directeur de recherche en sociologie au sein du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS). Il y fera toute sa carrière. Auteur d’une soixantaine d’ouvrages traduits dans de nombreuses langues, la pensée d’Edgar Morin se concentre sur les notions de « complexité » - qu’il définit notamment dans les 6 tomes de « La Méthode », son œuvre majeure - et de « transdisciplinarité ». Décoré de la Grand-croix de la Légion d’honneur en 2021, ce grand observateur du monde dans lequel il vit, aujourd’hui âgé de 102 ans, est toujours en activité.

Malgré une scolarité difficile, Daniel Pennac (de son vrai nom Daniel Pennacchioni) parvient à décrocher une maîtrise de lettres en 1969. Pendant 25 ans, ce fils de militaire exerce comme professeur de littérature, d’abord en collège, puis en lycée. Parallèlement à ses fonctions, il écrit des livres destinés à la jeunesse, parmi lesquels les premiers tomes de sa « Saga Malaussène » ou son célèbre « Cabot-Caboche ». Le style vif et argotique de l’auteur, ainsi que l’environnement qu’il créé, valent à Daniel Pennac une renommée qui va sans cesse grandissante. En 2007, il obtient le prestigieux Prix Renaudot pour son essai « Chagrin d’école », véritable cri d’amour aux mauvais élèves. Depuis une dizaine d’années, en parallèle à ses activités littéraires, l’écrivain produit des scénarios pour le cinéma, la télévision et la bande-dessinée.

Titulaire d’un doctorat en astrophysique nucléaire, Hubert Reeves débute sa carrière comme enseignant-chercheur à l’Université de Montréal. À partir du début des années 1970, il devient vulgarisateur scientifique. Soucieux de rendre intelligibles les phénomènes astronomiques les plus complexes, le « conteur d’étoiles » rédige ainsi de nombreux ouvrages (dont les plus célèbres, « Patience dans l’azur » et « Poussières d’étoiles », seront traduits dans plusieurs langues), anime des conférences, participe à des émissions de télévision… Militant écologiste convaincu, Hubert Reeves préside l’association « Humanité et Biodiversité » et, en grand précurseur, il ne cesse d’alerter l’opinion sur les risques du réchauffement climatique. En 2003, il publie « Mal de Terre », un ouvrage dans lequel il dresse un constat inquiétant de l’état de l’environnement terrestre. Il meurt à l’âge de 91 ans.